Joueurs de l’ombre

Les joueurs de l’ombre – La pelouse des pros, les pros de la pelouse

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Impact Média tient à vous procurer le plus d’informations possible sur votre club. Les joueurs sur le terrain revêtent une importance cruciale. Mais le club, c’est aussi tout un groupe de femmes et d’hommes passionnés qui couvrent tous les aspects de l’organisation. Nous vous présentons ici quelques-uns de ces « joueurs de l’ombre ».

Même le Bleu-blanc-noir doit avoir le pouce vert.


Pour Roch Poulin, directeur des terrains sportifs et de l’aménagement paysager, et Serge Tardif et Mamadou Camara, préposés à l’entretien de terrains sportifs et à l’aménagement paysager, le plus grand défi s’exprime en termes simples : garder la pelouse en vie. Mais l’exécution est plus complexe qu’on pourrait le penser.


Si vous êtes propriétaire d’une belle cour arrière, il vous est déjà arrivé de remettre la tonte du gazon à plus tard. À l’Impact, nulle question de prétexter qu’il fait trop chaud ou que le temps est trop humide pour la coupe. Chaque terrain doit y passer cinq fois par semaine pour que la taille demeure de 17 millimètres en tout temps.


« Plus tu retardes, plus tu crées du chaume et des rognures de gazon, et c’est difficile de s’en débarrasser, explique Roch Poulin. On ne coupe pas avec un moulin rotatif, mais plutôt avec un genre de ciseau. C’est plus délicat. Le plus grand stress, pour la pelouse, c’est la coupe.


« Je suis allé ce matin, mais mercredi, je vérifie l’irrigation – on est en période de sécheresse –, mardi, je coupe, lundi, je vérifie l’irrigation, dimanche, je coupe… »


Bref, Roch travaille tous les jours – une décision qu’il a lui-même prise et qu’il n’impose pas à ses employés. Le gazon, dit-il, « c’est 24 heures par jour ». La fertilisation est un processus constant. Les terrains de l’Impact requièrent un apport en azote six fois supérieur à la normale pour garder la pelouse en santé, d’une part, mais aussi pour accélérer sa récupération au fil des nombreux entraînements et pour conserver son verdoiement; elle doit bien paraître à la télévision.


La tâche est d’autant plus difficile que l’épandage de pesticides est interdit à Montréal. « C’est un défi, car le gazon est piétiné régulièrement, souligne Roch. Ce sera pire encore quand le Real Madrid sera ici avec ses deux séances par jour pendant neuf jours. L’Impact viendra s’entraîner au Stade Saputo pour compenser. »


Impossible d’accomplir ce travail sans être exceptionnellement méticuleux. Le principe de base, selon Roch, est de « suivre mère Nature ». Il fait chaud? On « regarde le gazon ». Il fait plus froid? « Pédale au fond, on rattrape le retard ».


Et le travail ne cesse pas en hiver. Il faut assurer une surveillance des terrains.


« On met une toile sur le gazon, indique Roch. Il faut un isolant, mais surtout un jeu d’air. Avec le réchauffement, il ne faut pas trop réchauffer. Ça peut surprendre, mais sous une toile isolée, ça descend rarement sous les moins-deux degrés Celsius. Ça fait que les champignons et la moisissure viennent vite.


« Avant, la technique, c’était la pose de paille. Le brin de paille retient sept fois son poids en eau. Actuellement, avec les changements climatiques, mère Nature nous envoie souvent un seau d’eau vers décembre ou janvier. C’est problématique. En 2014, c’était la catastrophe : de quatre à six pouces de glace. Et la glace emprisonne le méthane que dégage le sol. Ça asphyxie le gazon. »


Toute cette expertise, Roch Poulin l’a acquise au fil de 20 ans de travail avec la famille Saputo. Avant que le président de l’Impact, Joey Saputo, lui demande de passer au soccer, Roch a entretenu le Golf Saint-Raphaël, qui comptait 18 trous au départ. Lorsque 18 autres trous y ont été ajoutés, c’est Roch lui-même qui a géré le projet.


« Ça m’a donné la piqûre de la création. J’ai beaucoup apprécié. À partir de là, j’ai aussi entretenu ce que j’avais construit. Je ne suis pas du genre à bâtir quelque chose et à laisser l’entretien à quelqu’un; c’est moi qui l’ai bâti, alors je veux m’en occuper et le mener à terme. »


Compte tenu de son poste de directeur, Roch Poulin ne fait pas que gérer des pelouses. Il gère aussi des sous – il place le respect des budgets parmi ses points forts – et ses employés. Il laisse cependant « beaucoup de corde » à Serge et Mamadou, qui ont pris le projet du nouveau Centre Nutrilait sur leurs épaules. C’est leur bébé, affirme Roch.


Serge, le plus pragmatique des deux préposés, s’occupe de la pelouse naturelle, tandis que Mamadou s’occupe du synthétique, qui cadre mieux avec son tempérament « plus artiste », précise Roch.


Un trait de caractère demeure toutefois commun à tous.


« Il faut être passionné, soutient Roch. Le travail passe avant bien des affaires. Pas de pause. »