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MLS 101 - L'histoire de la MLS : Place au jeu! - Partie 2

Les bonnes intentions, tant sur le terrain que dans les coulisses et dans les tribunes, sont palpables; il manque seulement l’élément déclencheur qui doit permettre de lui donner une nouvelle dimension.








C’est lors de l’hiver 2006-2007 que le changement se produit, par l’introduction d’une nouvelle politique que les Américains résument en deux mots : « game first ». Le sport prend sa place au centre des préoccupations. Extrêmement centralisatrice depuis sa naissance, la ligue lâche aussi quelque peu la bride et laisse davantage de place aux clubs. À partir de là, ils ont plus de liberté au niveau de l'administration, comme générer des revenus sur les produits dérivés, que sportifs, dont la formation des jeunes joueurs.








LE JOUEUR DÉSIGNÉ : À CHACUN SA POLITIQUE




Les clubs peuvent aussi, pour la première fois et sous certaines conditions, faire apparaître le nom d’un partenaire commercial sur leur maillot. Une fois de plus, on se rapproche des habitudes mondiales du soccer, tant sur le terrain qu’en dehors, et cela porte ses fruits. Le plafond salarial reste cependant un obstacle pour attirer des joueurs de qualité et pose un problème considérable quand un certain David Beckham veut venir jouer aux États-Unis…








C’est alors qu’apparaît la règle du joueur désigné. Elle permet d’engager un joueur dont seule une partie du salaire entre en compte dans le calcul du plafond salarial. Elle évolue au fil des saisons, et aujourd’hui, chaque club peut avoir trois joueurs désignés sous contrat. Après Beckham (Los Angeles), d’autres vedettes mondiales arrivent : Juan Pablo Angel (Los Angeles), Cuauhtémoc Blanco (Chicago), Thierry Henry et Rafael Marquez (New York). Mais le développement de cette règle permet surtout d’attirer des joueurs au nom moins ronflant, mais aux qualités qui tirent les clubs et, par extension, la MLS vers le haut.
















Parmi eux, Guillermo Schelotto (Columbus), Branko Boskovic (DC United), David Ferreira (Dallas) ou Alvario Saborio (Real Salt Lake). Des Américains comme Claudio Reyna et Landon Donovan peuvent dorénavant jouer au pays tout en étant payés à la hauteur de leurs qualités. Chaque club choisit sa propre politique, en engageant trois joueurs désignés ou aucun, en leur accordant de plus ou moins gros salaires, en misant plus ou moins sur la célébrité de leur nom auprès du public américain.








« S’il n’y avait pas le plafond salarial, ça pourrait changer pas mal de choses, mais il faudrait en parler aux personnes compétentes », avait déclaré Thierry Henry lors de son passage à Montréal plus tôt cette année, lorsque interrogé sur les limitations du système.








« La règle du joueur désigné a permis d’améliorer la qualité du jeu, a engendré de la curiosité et des discussions, et a augmenté l’identité propre de chacun des clubs. Cela leur offre plus de flexibilité et chacun a son approche au moment de bâtir son effectif », s’est pour sa part réjoui Todd Durbin, vice-président de la MLS, il y a de cela quelques mois.








La saison 2007 coïncide également avec l’entrée du Toronto FC en MLS, où joue pour la première fois une équipe canadienne. N’en déplaise aux partisans torontois, ce n’est pas leur arrivée qui est la cause principale de l’évolution fulgurante de la compétition au cours des dernières années. Toujours est-il qu’on doit reconnaître que les dirigeants du TFC ont immédiatement mené une politique extra-sportive proche des supporters et que le club a connu un franc succès populaire dès ses débuts. Quatre saisons de résultats décevants ont toutefois changé la donne.








Pour boucler l’année en beauté, en faisant ses comptes, la MLS a la joie de pouvoir annoncer que, pour la première fois de son existence, elle a gagné de l’argent grâce aux droits de retransmission télévisée.








NOUVEAUX CLUBS ET SUCCÈS POPULAIRE




Les saisons suivantes sont surtout marquées par l’arrivée de nouvelles équipes : de 13 à 2007, la ligue est passée à 18 cette saison (et 19 avec Montréal en 2012). La plupart des nouveaux appliquent la politique torontoise à succès, et l’adaptent à leur réalité, souvent en l’amplifiant. En 2009, Seattle est le premier club à passer de la deuxième division à l’élite nord-américaine. La réussite est indiscutable, tant sur le terrain - quatrième à l’issue de la saison régulière et victoire en Coupe des États-Unis - que dans les tribunes - ambiance haute en couleurs et moyenne de plus de 31 000 spectateurs, la meilleure de la MLS, et le club engrange des bénéfices financiers dès sa première saison.
















Quelques mois plus tard, la ligue annonce l’arrivée de deux formations qui ont de nombreux points communs avec Seattle : Vancouver et Portland, également sur les bords du Pacifique mais aussi, et surtout, venus de D2 où ils affrontaient l’Impact. Ils ont effectué leurs premiers pas à ce niveau cette saison. Entre temps, Philadelphie débute en MLS en 2010, rencontrant également un succès populaire, et New York inaugure le Red Bull Arena, considéré comme le plus beau stade de soccer aux États-Unis.








Malgré l’arrivée de cette nouvelle concurrence venue de villes importantes, l’engagement de plusieurs grosses vedettes et des budgets à la hausse, ce sont deux clubs de localités moyennes qui se sont illustrés sur le terrain au cours des dernières années : Columbus a fait preuve de la plus grande régularité, terminant deux fois en tête à l’issue de la saison régulière et remportant la MLS Cup en 2008, alors que Salt Lake a atteint la finale de la dernière Ligue des champions, une première pour une formation américaine depuis l’introduction de la nouvelle formule en 2008.








Plus de diversité et de qualité tant sur le terrain qu’en dehors, davantage de conformité aux normes internationales du soccer, un meilleur niveau de jeu, des stades presque tous adaptés au soccer, des clubs plus libres, une politique de formation des jeunes, la popularité tant que la crédibilité à la hausse : en quelques années, la Major League Soccer a accompli d’énormes pas en avant. À un point tel que Montréal ne pouvait plus se permettre de ne pas y jouer.
















« En parlant avec Don Garber, j’ai compris l’importance pour nous d’aller en MLS, déclare ainsi le président de l’Impact de Montréal Joey Saputo. Des discussions avec des gens de confiance, comme les dirigeants de Portland, Seattle et Vancouver, m’ont permis de bien évaluer la situation. Quand on voit le succès de ces équipes, mais aussi de Toronto ou Philadelphie, il est clair que c’est la direction à suivre pour passer à la prochaine étape. Qu’est-ce qui est mieux : vouloir être le roi de son bac à sable ou jouer dans la cour des grands ? »








Il ne fait aucun doute que lors de l’annonce de son arrivée effectuée le 7 mai 2010, l’Impact savait qu’il intégrerait une compétition en santé et dont le potentiel de progression est encore important.








Matthias Van Halst, Impact Média