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S'adapter à l'altitude de Mexico

Altitude pratique

MONTRÉAL – L’Impact de Montréal aura deux adversaires à l’Estadio Azteca, mercredi prochain, dans le premier match de la finale de la Ligue des champions de CONCACAF : Club América et l’altitude.
À Mexico, située à plus de 2 200 mètres au-dessus du niveau de la mer, l’oxygène est bien plus rare qu’à Montréal. L’Impact s’est déjà rendu au Mexique cette saison, pour les quarts de finale de la Ligue des champions à Pachuca. Pendant deux semaines et demie, les joueurs se sont mis en forme et adaptés à l’altitude pour un match joué à près de 2 500 mètres du niveau de la mer.
Cette fois, ils ne seront au Mexique que pour une semaine. C’est une période d’adaptation plus courte, mais le préparateur physique et responsable de la performance de l’Impact, Paolo Pacione, juge « suffisante ».

Chargé de préparer l’Impact à l’altitude de Mexico, Pacione a expliqué son plan à MLSsoccer.com.


Mercredi soir
Après l’entraînement du matin, Pacione demande aux joueurs de dormir le mieux possible cette nuit-là. Ce sera, après tout, la dernière fois qu’ils se coucheront dans leur lit pour un bout de temps.
Tout joueur de la MLS vous dira que les déplacements par avion sont une source de tension dont on se passerait quand on gagne sa vie avec son corps. Pacione veut donc que les joueurs soient dans le meilleur état possible lorsqu’ils prendront l’avion pour le Mexique, jeudi après-midi.
« C’est pourquoi nous ne voyageons pas tôt le matin, mais en après-midi, indique Pacione. Comme ça, rien ne presse. Tout le monde peut dormir tard, faire ce qu’il faut et relaxer dans l’avion. Une fois arrivés, nous avons le temps nécessaire pour nous mettre à l’aise sans se presser. »
Jeudi soir
À Mexico, la météo est plus belle et toutes sortes d’activités s’offrent au touriste. Mais c’est un voyage d’affaires. En tout temps, la description de tâches des joueurs se résume à bien prendre soin de leurs corps.
Tout commence par ce qu’ils ingèrent – pendant 24 heures, ils ne mangeront que des aliments faciles à digérer. Le métabolisme est plus élevé en altitude, et les joueurs n’ont pas à l’accélérer davantage en mangeant n’importe quoi.
Mario Di Molfetta, chef-propriétaire de Capucine, accompagne l’Impact. Di Molfetta passe ses journées à préparer chaque repas et collation que prendront les joueurs. Ce menu obligatoire optimise le rendement et la récupération tout en évitant aux joueurs de se casser la tête pour trouver des options à l’étranger.
« Nous prévoyons parfois des repas plus lourds, plus caloriques, et d’autres seront plus légers, explique Pacione. Il est important de surveiller [le ratio entre] les glucides et les protéines et les gras. Ce doit être plus élevé, parce qu’en altitude, les glucides se métabolisent bien plus rapidement. Nous allons donc leur offrir davantage de glucides. »
Et Pacione ne leur offrira pas d’alcool. Même le petit verre avec le repas est interdit.
« Ce sont tous des adultes; d’habitude, ils peuvent prendre un verre de vin au souper chez eux, reconnaît Pacione. Mais ici, cela les déshydraterait encore plus. Il faut même restreindre l’apport en caféine, surtout les jours d’entraînement intensif. »
Week-end
La plupart des joueurs peuvent maintenant pousser la machine. Dire qu’ils devraient être au Stade Saputo pour affronter Chicago, samedi – le match a été remis, ce qui donne à l’Impact le luxe de passer une semaine entière au Mexique.
Les expériences de Pacione avec les équipes nationales canadiennes, de 2007 à 2012, lui ont fait sentir les effets de l’altitude dans différents milieux. Il demeure également en communication avec plusieurs physiologues qui travaillent avec des athlètes olympiques dans de telles conditions.
« Il faut d’abord mettre l’accent sur le sommeil, le repos et une certaine diminution du niveau d’entraînement, puis sur la nutrition – sur l’hydratation des gars, souligne Pacione. En altitude, l’air est sec, et on perd davantage de liquide à l’entraînement. C’est pourquoi il faut diminuer l’entraînement, et les gars doivent encore mieux prendre soin de leurs corps entre les séances. »
Pour ce faire, Pacione se sert de son arme secrète : le jus de betterave, qui a une action vasodilatatrice. Les joueurs et joueuses des équipes nationales du Canada, de même que bon nombre d’Olympiens, en prennent pour améliorer la circulation sanguine.
Le personnel technique a introduit le jus de betterave dans l’alimentation des joueurs au cours de la présaison en le mélangeant à d’autres jus pour masquer son goût abject. Certains se sont toutefois prêtés au jeu de plein gré. L’international belge Laurent Ciman en a bu chaque jour de la Coupe du monde 2014 au Brésil. Nigel Reo-Coker a commencé à en prendre lorsqu’il jouait en Angleterre.
« Peut-être as-tu entendu parler des fois où [Ignacio] Piatti allait jouer en Bolivie avec son équipe et qu’ils prenaient du Viagra, lance Pacione. [Le jus de betterave] est un Viagra naturel, mais moins puissant, bien entendu. Mais il en a pris, et il a ressenti les effets immédiatement. C’est comme une dose d’énergie. »
Mercredi – premier match de la finale de la Ligue des champions
Les Montréalais sont maintenant au Mexique depuis presque une semaine. S’il est vrai que les bienfaits de l’altitude pour la production de globules rouges – et donc pour l’endurance – sont bien connus, l’Impact veut simplement réduire les effets sous-jacents de l’altitude pendant leur match contre América.
Ils ne retireront aucun avantage cardiovasculaire à long terme de ce voyage, et selon Pacione, ce n’était même pas le cas lorsque l’équipe a passé deux semaines et demie dans ce pays en février.
« L’équivalent du temps passé là-bas – donc deux semaines – suffisent pour que [l’endurance accrue] s’estompe, précise Pacione. L’amélioration ne dure pas. Mais si tu y passes un mois et demi, deux mois, ça peut être le cas. »
Jeudi
Retour à la normale. L’Impact quitte ce milieu en altitude et revient à Montréal, où ils attendront l’arrivée d’América au Stade olympique.
Pour les joueurs d’América, l’altitude se vit au quotidien. Comment le niveau de la mer influera-t-il sur eux dans le deuxième match?
« Ils en retireront un petit avantage; il y aura plus d’oxygène dans l’air, fait remarquer Pacione. Mais ça demeure un grand changement, et ça peut toucher certaines personnes. Ils pourraient être incapables de dormir. Si tu ne dors pas ou que tu n’es pas à l’aise, qu’importe si ce sont de meilleures circonstances ou non, ou si tu es en altitude ou au niveau de la mer – ça brise son rythme d’entraînement. Ça change les sensations. Ce sont des répercussions considérables. »